mardi 2 novembre 2010

Le courage

C’est mon anniversaire aujourd’hui. J’ai 32 ans. Pour l’occasion, j’entrebâille la porte de mon intimité et vous lis un extrait de la carte de fête qu’une personne dans mon entourage m’a offerte : oui, je sais que la vie n’est pas facile pour toi. (…) Heureusement, tu es courageuse (...), avec un potentiel fou (…).

J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont élevée en me donnant les mêmes opportunités qu’aux enfants normaux : encouragements, support, amour, école normale, cours de musique, cours de danse, etc. J’ai quitté le nid familial, j’ai complété des études supérieures, j’ai un conjoint formidable et des enfants magnifiques et je m’apprête à entreprendre des démarches de recherche d’emplois. J’ai donc vécu dans le vrai monde et me considère comme une femme normale. Mais quant à 32 ans vous me parlez encore de courage, de vie difficile et de potentiel fou alors je me dis que vous ne me connaissez pas. Que vous gardez entre vous et moi le handicap et que vous ne vous intéressez pas à la personne que je suis, à ma vie de femme, de mère et d’amoureuse.

J’ai le bonheur d’avoir dans ma vie beaucoup d’ami(e)s et curieusement aucun(e) d’entre eux/elles ne me parlent ni de courage ni même de vie qui n’est pas facile et encore moins de potentiel fou et j’en suis fort aise. Ils et elles me prennent comme je suis : un être humain avec ses forces et ses faiblesses. Tout comme eux d’ailleurs.

En fait, je veux bien porter le poids du courage, de la vie pas facile et du potentiel fou si vous le répartissez à parts égales entre tous les êtres humains sur la planète qui se lèvent le matin et choisissent d’avancer dans la réalité qui est la leur. Si dans la carte de fête de la caissière populaire (Richard Desjardins) en charge des chèques sans fond, qui se fait engueuler plus souvent qu’à son tour, vous parlez de courage, de vie difficile et de potentiel fou alors j’accepterai. Si dans la carte de fête d’une infirmière qui fait deux chiffres de suite à l’urgence vous parlez de courage, de vie difficile et de potentiel fou, alors j’accepterai. Si dans la carte de fête d’une mère monoparentale vous parlez de courage, de vie pas facile et de potentiel fou, alors j’accepterai. Si dans la carte de fête d’une musicienne partie vivre en Europe sans le sou vous parlez de courage, de vie pas facile et de potentiel vraiment fou, alors j’accepterai. Si dans la carte de fête d’un enfant qui vit dans un pays en guerre vous parlez de courage, de vie très difficile et de potentiel fou, alors j’accepterai. Si dans la carte de fête d’Ingrid Bétancourt vous parlez de courage, de vie pas facile et de potentiel fou, alors j’accepterai.

Moi? Courageuse? Non. Pas plus que vous. Si vous avez envie de connaître celle que je suis vraiment, j’adore prendre le café. Vous n’avez qu’à communiquer avec moi. Merci et bonne fin de journée.

Veuillez noter que je ne figure sur aucune de ces images.





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